Cessons d’artificialiser les terres !

Article du Partit Occitan (POc) : ce texte a été transmis au Débatteur par Eric Dussart, militant ollioulais du POc.

Photo de l’AMAP les Olivades à Ollioules, première AMAP de France.

Artificialiser plus de terres, c’est sacrifier l’avenir. La tendance à défaire une législation écologique déjà insuffisante est criminelle. Les négationnistes du climat et autres réactionnaires sont à l’œuvre.

L’artificialisation des terres est un problème écologique majeur. Elle est responsable de la disparition de terres agricoles de qualité (les terres planes et les plus fertiles) qui nous manqueront bientôt pour nourrir les humains. L’artificialisation est aussi responsable de l’accélération des inondations et l’amplification des dégâts provoqués par des phénomènes météorologiques dus au changement climatique.

La loi votée en 2021 sur le climat était une prise de conscience de la nécessité de la lutte contre la dégradation des terres. Elle prévoit qu’en 2051 il ne sera plus possible d’installer de constructions nouvelles sur des terres vacantes. L’objectif est de faire en sorte qu’à cette date, les constructions industrielles ou autres seront bâties sur des espaces abandonnés, sur des friches industrielles par exemple. La date de 2031 a été choisie pour arriver à la moitié du chemin, soit 50 % de terres artificialisées en moins.

Le Sénat vient d’adopter un texte démontant la loi de 2021 et l’objectif de Zéro Artificialisation Nette (ZAN) en 2050 tout en remettant en cause l’objectif de 2031. Il est évident que la fin de l’artificialisation est d’une grande ambition mais les chiffres sont effrayants : chaque année en France, 25 000 hectares sont artificialisés. L’objectif était de se limiter à 125 000 hectares en 2031 au lieu de 250 000 et de parvenir à cesser d’artificialiser en 2050. À ce moment, on pourra bâtir à condition de compenser, c’est à dire de rendre à l’agriculture ou à la nature des friches industrielles.

Pour les sénateurs, la loi ZAN est un obstacle au développement économique dont les petites communes pâtissent et pâtiront encore. Ils veulent faire des exceptions pour des installations industrielles et des constructions de logements dits sociaux. Il est évident que la loi remet en cause certaines méthodes appliquées dans le domaine industriel et dans celui de l’urbanisme mais rien ne prouve qu’il y ait un rapport entre richesse et consommation de terres.

En France, les petites communes sont entravées par d’autres problèmes comme l’absence de moyens économiques, l’absence d’autonomie et un centralisme très lourd. Il y a aussi quantité de friches industrielles qui ne sont pas utilisées parce que polluées et que les pollueurs sont partis sans faire le travail consistant… à dépolluer.

La nécessité de conserver un maximum de terres à vocation agricole, celles situées autour des villes en priorité, est une chose éprouvée depuis de nombreuses années. Remettre ceci en cause c’est hypothéquer l’avenir.

Nous en arrivons au point où il est bien plus économique de prendre des terres pour construire dessus que de recycler des surfaces qui ont déjà servi.La différence de coût est de un à dix. En conséquence, modifier la loi c’est donner le droit de continuer à polluer et détruire des terres agricoles. Dans l’hexagone, il y a actuellement 90 000 à 125 000 hectares de friches industrielles abandonnées. Pour pouvoir les utiliser, il faut dépolluer. Coût de l’opération : de 600 000 à 800 000 euros l’hectare. Il est clair que certaines communes n’ont pas de tels moyens. Mais c’est le résultat d’une politique ayant permis à des industriels de polluer sans se soucier du coût environnemental et de l’avenir de ces terres.

Le Partit Occitan s’inquiète de la tendance, en Europe et ailleurs, consistant à faire croire que les décisions prises en matière de protection de l’environnement et pour la biodiversité ne sont finalement que des obstacles au développement et qu’il faut s’en débarrasser. Cette tendance nous paraît liée à la montée d’idéologies très réactionnaires et de thèses négationnistes comme celles pouvant se faire entendre dans la bouche de certains chefs d’États et de gouvernements. Nous connaissons les problèmes créés par l’artificialisation tout autant que ceux créés par le changement climatique. Seules des décisions volontaristes et ambitieuses peuvent être efficaces.

La remise en cause de la loi qui a pour objectif Zéro Artificialisation Nette est une erreur écologique et économique. Les députés ne doivent pas suivre la voie empruntée par les sénateurs. Essayer de faire croire que toute législation écologique est « punitive », comme disent certains, c’est nous mener sur un chemin coûteux et suicidaire.

Partit Occitan le 14/04/2025

————–

Texte du POc mis à disposition sur son site internet sous licence “Creative Commons”

Source : https://partitoccitan.org/arquius/fr/cessons-dartificialiser-les-terres/

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *