Législative : coup de projecteur sur la 2e circonscription

Entretien avec Isaline Cornil, candidate de la NUPES

Pour sa première campagne électorale, cette jeune toulonnaise de 36 ans, née à Hyères entend porter le programme de gouvernement partagé par plusieurs partis politiques qui se sont unis dans la Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale.

Un programme (1) qui vise à rompre avec les politiques libérales de Macron. Parce qu’elles creusent profondément les inégalités sociales, négligent la planète et les alertes des scientifiques. Cela passe par une nouvelle majorité et un gouvernement qui se donnent les moyens de changer la vie et de faire face aux urgences écologiques et sociales, aux aspirations à la justice, à la paix, à la démocratie, aux libertés…

Isaline Cornil a tout à fait conscience de l’affrontement politique qui l’attend à Toulon. La 2è circonsription est très convoitée. La députée sortante, Cécile Muschotti a été mutée dans la 7è circonscription. Elle avait battu, en 2017, le sortant LR Vitel…qui se représente dans la 1ère, tandis que la députée sortante ex-LR, Geneviève Lévy, devient la suppléante du 1er adjoint Yannick Chenevard candidat dans la même 1ère circonscription, mais sous l’étiquette de Macron…avec Falco à la manoeuvre ! Quel imbroglio !

Question : tout d’abord qui êtes-vous et comment s’est faite votre première désignation à une élection nationale ?

Isaline C : Je suis native d’Hyères où j’ai fait ma scolarité primaire, je suis allée au lycée de La Garde, puis en classe “prépa” à Dumont d’Urville. J’ai passé et eu ma licence et le CAPES d’Espagnol à la Fac d’Aix-en -Provence. Je suis en poste depuis cinq ans à Toulon, au collège George Sand au Pont-du-Las et j’habite à l’ouest de Toulon.

Je me suis investie dans le mouvement syndical enseignant où l’on ma confié des responsabilités départementales. Au même moment, au contact de ses militants, notamment pendant la bagarre contre la réforme des retraites par points de Macron, j’ai rejoint le P.O.I (parti ouvrier indépendant) qui a trouvé dans le programme de l’Union Populaire les bases de la rupture avec les politiques menées jusqu’à aujourd’hui et s’est investi sur le terrain pour soutenir la candidature Mélenchon.

Je n’ai rien sollicité pour obtenir cette investiture et m’efforcerai de bien remplir la mission qui m’a été confiée en harmonie avec mes convictions.

Q: Quels sont à vos yeux les enjeux principaux de cette élection ?

Isaline C : Il est possible et nécessaire de faire barrage à toute la polique très libérale que nous impose Macron depuis cinq ans. Elle fait des ravages parmi les catégories sociales les plus défavorisées.

Cela passe par une majorité de députés de la NUPES pour que Jean-Luc Mélenchon soit désigné premier ministre pour mettre en oeuvre dès l’été le programme partagé. Je pense aux 8 millions d’électrices et d’électeurs qui ont voté Union Populaire mais aussi aux plus de 3 millions qui ont voté pour les autres partis qui ont rejoint la NUPES pour dire “Stop à Macron” au 1er tour de la présidentielle et qui se retrouveront dans ce programme très collectif et très détaillé. Ils font campagne commune même s’ils ne sont pas d’accord sur tout mais très largement sur l’essentiel du contenu du programme de la NUPES.

Macron, lui, est un président mal élu par le fait que des voix sont venues de la gauche pour éviter le risque RN. Il se trouve largement fragilisé mais n’a pas l’intention de modifier sa politique de classe mais de l’appliquer, en bon agent du capital !

Je m’emploierai avec mes camarades, à convaincre tous nos électeurs du 10 avril mais aussi d’autres Toulonnais.es qui se sont abstenus, pour créer les conditions d’un changement de cap politique. N’est-ce pas ça l’enjeu central ? Avec tous ces suffrages nous pouvons gagner, c’est à notre portée.

Q : Que pensez-vous du contexte particulier de la 2è circonsciption ? :

Isaline C : Ce ne sont pas les 13 candidats qui changent la “donne”, il y en avait autant en 2017. Depuis le ralliement de Falco à Macron, l’effondrement des LR, au plan national et local a profité à Macron et à l’extrême-droite, elle-même divisée. Ces divisions et notre union jouent objectivement en notre faveur. Des triangulaires ne sont pas à exclure.

Notre présence au 2è tour est clairement envisageable. A nous de faire partager cette opportunité confirmée par les premiers sondages nationaux. Encore faut-il faire reculer l’abstention notamment et surtout dans les quartiers populaires où nous avons fait nos meilleurs scores le 10 avril, à Pontcarral et La Beaucaire en particulier.

Q : Parmi les 650 propositions du programme quelles sont celles qui vous paraissent les plus marquantes ?

Isaline C : “Toutes forment un ensemble cohérent. Mais la question du pouvoir d’achat est la plus urgente car touchant déjà à la vie quotidienne de millions de familles vivant en-dessous du seuil de pauvreté et, avec le blocage des salaires et des retraites des millions d’autres s’en rapprochent.

Alors porter le SMIC à 1 500 euros, augmenter les salaires et les retraites, bloquer les prix et les indexer sur l’inflation, pour tout ce qui est de première nécessité (alimentation, énergies, transports…),créer une allocation d’autonomie de 1063 euros par mois pour les jeunes qui poursuivent leurs études sans obligation de cumuler avec un job, quel qu’il soit. Une jeunesse marquée par le covid à qui on a tout interdit et qui a dû faire la queue aux Restos du coeur…La retraite à 60 ans et à taux plein après 40 ans de cotisations après une vie de labeur. Et en tenant compte de la pénibilité.

Naturellement, je suis sensible à l’avenir de l’Education nationale. D’autant que le collège George Sand où je travaille, est menacé de fermeture par le maire Falco. Ce qui mobilise enseignants et parents d’élèves et ce qui illustre toute la malfaisance de Blanquer et de Macron vis-à-vis de ce qui fût un grand service public, en voie de destruction pour faire place à la privatisation par la concurrence et l’autonomie des établissements, fondées sur la compétitivité. A l’image de la société à deux vitesses que le libéralisme nous impose.

D’où les fermetures de postes alors que les effectifs d’élèves par classe augmentent, des budgets votés qui ne sont pas entièrement consommés, c’est-à-dire des millions d’euros rendus à Bercy chaque année depuis 2018, la destruction des épreuves nationales du bac. Ce ne sera pas le même bac partout…

Je veux porter le combat de tous ceux qui se battent depuis des années contre cette politique, notamment les enseignants et les parents du comité inter-établissements du Var, soutenus par les syndicats et la fédération FCPE du Var, ceux du comité de défense pour le maintien du collège George Sand nouvellement constitué.

Je pourrais en dire autant sur la démolition de notre système public de santé livré aux marchands depuis tant d’années. Tout doit rapporter de l’argent -même notre santé ?- aux investisseurs privés qui se partagent les dépouilles des services publics. Les scandales liés aux EHPAD privés en disent long sur le type de société dans laquelle nous vivons. Les actes de Macron après cinq ans de libéralisme accéléré, nous en disent assez pour ne pas croire ses nouvelles promesses aussi condescendantes que méprisantes.

Q : Sur la transition écologique, quel est votre regard ?

Isaline C : “Nous portons une exigence forte à “la règle verte” que nous voulons inscrire dans la constitution. De quoi s’agit-il ? “De ne pas prendre plus à la nature que ce qu’elle peut reconstituer” C’est pourquoi nous parlons de “planification écologique” pour mettre en oeuvre la règle verte. Et cela en nous appuyant sur les citoyens et leurs associations, du local au global.

Nous voulons mettre l’économie au service des besoins avec des indicateurs de bien-vivre et d’impact sur la santé et l’environnement. Macron n’a rien fait ! Le gouvernement est traîné en justice pour son inefficacité !

En même temps qu’il nous faut prendre la main sur la finance et conquérir des droits nouveaux aux salariés, aux citoyens, aux élus locaux pour peser sur les décisions prises à tous les niveaux de la société et dans les entreprises. D’où les pôles publics concernant le secteur bancaire, celui de l’énergie autour d’EDF, des transports autour de la SNCF, du logement…

C’est à convaincre les populations de la 2è circonscription et singulièrement les abstentionnistes, plus nombreux encore dans les quartiers populaires, de se faire entendre aux législatives que je vais consacrer la quinzaine de jours qui nous restent.

Propos recueillis par René Fredon

(1) https://nupes-2022.fr/le-programme/

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