Réflexion sur les clés de l’inclusion à l’école

L’inclusion s’est gagnée au fil du temps :

Au départ, la première loi d’orientation en faveur des personnes handicapées a été promulguée en 1975 puis les circulaires du 29 janvier 1982 et du 29 janvier 1983 ont défini la notion d’intégration.

La Loi du 11 février 2005 pour l’égalité des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées a présenté la scolarisation en milieu ordinaire.

La loi de refondation de l’école du 8 juillet 2013 a posé les fondements de l’école inclusive : «  Le service public reconnaît que tous les enfants partagent la capacité d’apprendre et de progresser. Il veille à l’inclusion scolaire de tous les enfants, sans distinction. »

Enfin, le 28 juillet 2019, la loi pour une école de la confiance crée le grand service public de l’école inclusive.

Ce que le législateur a permis dans les écoles, les collèges, les lycées :

L’école inclusive permet aux enfants handicapés de parcourir une scolarité au sein des écoles, parmi les autres enfants et auprès des personnels de l’éducation nationale ainsi que des agents territoriaux qui gèrent les enfants durant le temps scolaire, périscolaire et le temps de cantine.

En général, les enfants handicapés partagent leur semaine entre le temps de l’école et le temps de la prise en charge à l’extérieur au Centre d’Action Médico Social Précoce (CAMSP) le plus proche ou dans des structures privées comme La Maison Bleue à Sanary-Sur-Mer, lieu de ressource pour les parents et les enfants à besoins particuliers.

A l’école, un adulte, l’AESH (Accompagnant des Élèves en Situation de Handicap) a pour mission de favoriser l’autonomie de l’élève en situation de handicap. Il permet de lui offrir de la maternelle au lycée une scolarité adaptée dans une classe ordinaire ou un dispositif dédié.

L’élève va pouvoir réaliser les actes de sa vie quotidienne, l’accès aux activités d’apprentissage, les activités de la vie sociale et relationnelle.

Soit l’élève bénéficie d’une aide mutualisée, soit individualisée si cet accompagnement est nécessaire.

Les AESH bénéficient d’une formation de 60 heures lorsqu’ils sont nouvellement recrutés. De plus, des formations continues sont proposées mais aussi des formations avec les enseignants.

En tout ce sont plus de 117 000 AESH qui accompagnent les élèves en situation de handicap dans les classes en France.

Sur le terrain au jour le jour :

Les enfants en situation de handicap arrivant à l’école maternelle ne bénéficient pas toujours d’une reconnaissance de la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées).

Le handicap n’a pas été détecté par les parents, le pédiatre…

Le handicap peut aussi être en cours de reconnaissance.

L’école accueille donc ces enfants dans des conditions ordinaires c’est à dire deux adultes, l’enseignant et l’ATSEM avec l’ensemble des élèves. Cela arrive aussi lorsqu’un enfant a un PPS mais bénéficie d’un total d’heures insuffisant avec l’AESH. Les conditions redeviennent alors ordinaires or cet enfant a besoin de conditions particulières liées à ses besoins.

On comprend ici que l’accueil peut s’avérer compliqué, mal vécu aussi bien par l’enfant que par les autres acteurs en présence, que l’esprit d’équipe prend alors ici tout son sens et qu’une co-construction de projet entre les différents partenaires s’avère indispensable bien avant que l’enfant ne bénéficie d’une reconnaissance de la part de la MDPH et du soutien d’une AESH.

« Lorsque la méritocratie scolaire est mise en évidence, valorisée, par nos responsables politiques, cela peut générer des dilemmes pour les enseignants parce que les principes de cette dernière n’entrent pas vraiment en résonance avec ceux de l’école inclusive. » remarque Mickaël Jury, chercheur et enseignant en poste à l’Université de Clermont Auvergne et à L’INSPE dans un article de septembre 2021 du Café Pédagogique.

La pratique pédagogique va prendre en compte d’autres facteurs : être à l’écoute de cet élève qui réagit à sa manière et savoir prendre le temps nécessaire, développer l’empathie, la patience, changer son regard sur l’autre, ouvrir son cœur et comprendre au-delà des mots.

Les clés de l’inclusion :

L’institution doit donner les moyens nécessaires. Quels sont-ils ?

Avant tout accélérer les procédures :

Encourager la création de structures médicales spécifiques dans chaque ville afin que la prise en charge soit facile et possible pour tous sans discrimination sociale.

Permettre aux parents de bénéficier d’une AESH dès la rentrée scolaire. Il faut des mois pour monter un dossier MDPH et lorsqu’on a tous les éléments il faut encore des mois pour qu’il soit validé.

C’est bien trop long !

Il faut co-construire le Projet Personnalisé de Scolarisation avec tous les acteurs du terrain : parents, enseignant, l’ATSEM, la direction de l’école, l’élu municipal en charge des écoles, le responsable de la cantine scolaire et de la périscolaire, le médecin scolaire, le médecin du CAMSP ou de la structure privée qui met en place des soins spécifiques, le psychologue, l’éducateur spécialisé… Pour le bien de l’enfant qui a des besoins particuliers, pour le bien de la vie de la classe, de l’école, des parents…

C’est l’intelligence collective au service de ce projet individuel qui ne peut en aucun cas être généralisé car chaque enfant est différent et a des besoins spécifiques auxquels on doit répondre absolument dans le cadre de l’inclusion.

Cela passe aussi par la formation du personnel et des personnes amenées de près ou de loin à suivre l’évolution générale de la réussite de l’inclusion scolaire et hors temps scolaire.

« Une de nos toutes dernières études réalisées auprès de plus mille enseignants indique que plus de la moitié d’entre eux n’auraient jamais eu de contenu de formation sur l’accompagnement des élèves à besoins éducatifs particuliers. Or dans cette même étude, et sans surprise, il apparaît que les professeurs formés, par rapport à ceux ne l’ayant pas été, se sentent plus compétents en tant qu’enseignant et moins épuisés professionnellement. » déclarait aussi Mickaël Jury.

Cette réforme si noble et si bien pensée sur le papier pour permettre la scolarisation de tous les enfants peut défaillir si sa mise en œuvre reste approximative. Sur le terrain, nous, nous devons faire preuve d’inventivité pour ces élèves dont les besoins éducatifs sont particuliers.

Et nous en retirerons tous un esprit de tolérance et d’écoute dont notre société a tant besoin aujourd’hui.

C’est un changement de paradigme total !

Claudie Zunino-Cartereau

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *