Protéger et défendre les territoires

« Protéger et défendre les territoires », tel était le titre de la conférence présentée par Julien Guimard lors de la cinquième édition du week-end du Chêne Liège, les 9 et 10 octobre 2021 au domaine de Baudouvin à la valette du Var.

Julien Guimard est professeur des écoles. Il est l’auteur de deux romans : le thriller écolo L’ombre de Cybèle et Zone(s) A défendre aux éditions Modernités Latines créées par Daniel Bombert.

Deuxième roman de Julien Guimard présenté le 10 octobre avec son éditeur, l’ancien journaliste
Daniel Bombert.

« La Vallée du Gapeau en transition, c’est cette envie collective de construire ensemble et à notre échelle, un monde plus juste, plus respectueux de la Terre et du vivant. Un besoin territorial de créer des liens solides et durables pour se réapproprier notre avenir. »

 Lorsque j’ai lancé la Vallée du Gapeau en Transition, cela faisait 15 ans que j’organisais Souleù, la foire bio de La Farlède. Avec près de 140 exposants et 12 000 visiteurs c’est, chaque année en avril – sauf en 2020, crise du Covid-19 oblige… -, l’une des plus importantes de la région. Elle prône une consommation locale, artisanale, biologique et équitable.

Agir localement a toujours été mon petit « dada ». Il y a des solutions locales, elles sont là et le lien permet de créer de la richesse sur le territoire. En bientôt quatre ans d’existence, l’association La Vallée du Gapeau en Transition a construit de nombreuses dynamiques citoyennes territoriales ayant abouti sur divers projets collectifs.

Au départ il y a eu Rob Hopkins , un professeur de fac anglais, qui le premier a mis en place avec ses élèves la démarche de proposer à la mairie une sorte d’état des lieux de tout ce qu’on pouvait faire localement. Un plan de transition a été créé, extraordinaire en terme d’autonomie, de résilience. Rob Hopkins a eu l’idée de faire un manuel. Parmi toutes les initiatives locales, il y a eu les Incroyables Comestibles : « Plantons partout ». J’ai lu son livre en 2015. Et j’ai dit, il faut faire ça sur le territoire !

En 2016 à Sollies-pont, on a organisé la première réunion à la salle des fêtes. Cent cinquante personnes sont arrivées. Qu’est-ce-que j’allais raconter à ces gens ? Malgré douze ans de réseaux, il y avait 98 % des gens que je ne connaissais pas. On a fait une sorte de forum ouvert, des ateliers : Que peut-on faire sur notre territoire concernant la nourriture, les énergies, la solidarité …? Un maraîcher s’installait en même temps que nous. Le week-end suivant on était plus d’une centaine à travailler sur son champ pour faire avancer son installation.

Le moment de la transition c’est la réelle solidarité sur un territoire où les gens ne se connaissent pas. Ce jour là sont venus des membres très actifs qui s’occupent toujours de la transition.

Ce n’est pas facile. C’est un nouveau système qui n’est pas pyramidal mais horizontal. On faisait des forums ouverts. En mai 2016, par exemple :  « Venez discuter avec nous sur : « Comment se nourrir localement sur la vallée du Gapeau ? » Et de là sont parties plein d’idées dont une l’épicerie coopérative qu’on a créée à la Farlède, La Cerise sur le Gapeau, afin de proposer une alternative, un magasin avec des producteurs mais géré par les consommateurs que nous sommes. Je croyais dans le commerce équitable.

On a lancé la première coopérative d’énergie du département : Gapeau Énergie Citoyenne qui a vocation à présenter l’énergie comme un bien commun, à proposer une réflexion sur la sobriété, sur une production énergétique alternative.

Puis on a créé une monnaie locale citoyenne complémentaire qu’on appelle la Fève. C’est assez complexe mais quand ça marche c’est le sujet ! Quand ça marche ça explose tout !

On est parti sur les jardins partagés, symboliquement intéressants sur du local. C’est le plus dur car il faut des meneurs. La problématique de la transition c’est : « Y a-t-il des locomotives pour la lancer ? » On était trop peu à vouloir gérer trop de choses. Certains jardins partagés ont bien fonctionné car il y avait les locomotives qui les poussaient. Ce sont des lieux de vie et de bien être extraordinaire.

Grâce à un professeur du lycée Dumont d’Urville sont nés les forums ouverts au lycée, en termes d’alimentation, en termes de démocratie. Ce forum a été de loin le plus bluffant que j’ai jamais vu. Depuis on a des cantines qui récupèrent les déchets, des décisions sur le transport… si bien que le lycée a été primé deux fois sur le sujet de la transition nationale. On est très fier car ce sont des jeunes qui parlent à toutes les générations.

On a oublié que le moteur pour agir ensemble c’est le lien social surtout dans cette société numérique où nous sommes et enfin l’organisation. On donne des passerelles aux gens sur un territoire mais il faut savoir comment on agit ensemble.

Au mois de mai, j’ai été victime du fameux burn out du militant. Comment se répartit-on le travail pour que chacun puisse se reposer aussi ? Il faut trouver une autre manière de s’organiser. Au début pour le magasin coopératif on a demandé à chacun d’assurer trois heures et certains n’ont pas trois heures de disponibilité. On leur a dit de ne pas s’inquiéter et de nous aider autrement en diffusant l’information. Mais il y a le problème de comment répartir le travail.

A partir d’un moment pour construire la transition, il nous a fallu un lieu pour les réunions. Au départ on l’appelait Maison de la Transition et puis on a vu que Tiers Lieu correspondait mieux.

On a eu deux désillusions, une concernant le Moulin, tiers lieu de la transition et l’autre concernant une usine pour deux décisions. On avait mis une barre monumentale. Ce projet qui m’a pris 4 ans de ma vie et qui s’effondre après des années de travail ! Pour le numérique l’histoire continue. Notre marché bio à la Farlède a quatre ans et ça fait du bien.

Vous êtes les bienvenus dans notre dynamique !

Julien Guimard

Lien pour visiter le site de La Vallée du Gapeau en Transition :

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *