Une majorité de progrès social et écologique est possible
René Fredon
Le 1er tour de la législative -après une présidentielle “au rabais”- a confirmé la forte poussée de la NUPES devançant la coalition gouvernementale, pas du tout assurée de disposer au second tour, de la majorité des sièges, même relative, tellement elle vit mal le recul de Macron.
Ce qui rend tout à fait possible, dimanche prochain, l’élection d’une majorité de parlementaires de la NUPES qui priveront Macron de poursuivre sa politique libérale sélective et inégalitaire. Les conditions seront créées pour d’autres choix que de servir les grands intérêts privés généreusement “aidés” aux frais des contribuables.
Il y va de notre pouvoir d’achat, de l’augmentation ou non du SMIC à 1500 euros, des salaires et des retraites (à 60 ans), du blocage des prix indexés sur l’inflation…de l’emploi sécurisé, de la mise en œuvre de la planification écologique, du développement des services publics comme facteurs d’égalité, des aides aux étudiants pour assurer leur autonomie… parmi les 650 mesures du programme partagé.
Plus de 400 candidats.es de la NUPES sont qualifiés pour ce second tour, dont 32 communistes ! Et ce, malgré une abstention record de 52,3% au plan national qui concerne notamment les jeunes et les catégories sociales les plus défavorisées…et les plus détachées de l’enjeu. Une partie a pourtant voté à la présidentielle. La réserve de voix est réelle, reste à transformer l’essai !
La Macronie est dans ses petits souliers, consciente de la tournure que prend cette élection qu’elle voulait brève et sans débat, comme pour donner l’image d’une confiance renouvelée. Voilà qu’elle se met à douter sérieusement et à se lancer dans un argumentaire misérable qui consiste à faire de la NUPES un épouvantail de même nature que le RN ! Vite oubliés les votes d’une partie de la gauche qui ont permis de barrer la route à M. Le Pen !
Il y a un mois, entre les deux tours, les cadres de LREM, devenue “Ensemble”, n’hésitaient pas à en appeler “aux valeurs communes reconnues à la gauche” pour qu’elle vienne au secours face à celle qui se décerne l’exclusivité de “patriotes” comme si les autres Français.es n’en étaient pas ! Alors qu’elle est une admiratrice de Trump, Bolsonaro, Poutine…ultra-conservateurs partisans d’un capitalisme musclé entre autres références.
Effectivement il représente un grand danger car le RN conforte son implantation nationale et locale au plus haut, d’autant qu’il faut y ajouter les voix du parti de Zémmour, même s’il a échoué dans sa tentative d’être élu du côté de Saint-Tropez, commune qui l’a placé en tête avec 37% !
Dans le Var, les candidats du RN seront présents dans les huit circonscriptions où trois sortants LREM paraissent sérieusement menacés. La NUPES arrivée en 3è position ne peut se maintenir. Elle progresse de 3% sur les scores cumulés de la gauche en 2017 au 1er tour.
Cette progression de l’extrême-droite éminemment dangereuse tient pour beaucoup au glissement des électeurs LR, grand perdant de ce 1er tour partout en France, au profit du RN ainsi que, pour partie vers Macron qui n’en a pas moins perdu de son influence. Il fait feu de tout bois contre la NUPES qui, dit-il, sèmerait le désordre et le chaos, la fin de l’Europe, j’en passe et des meilleures.
Tout ça pour ne pas dire qu’ils craignent avant tout pour les privilèges de quelques-uns -dont les leurs- et pour eux cela doit passer par un renforcement du libéralisme dont la formule ressemble à cet aphorisme : “que le meilleur gagne, peu importe comment, tant pis pour les autres !”
La NUPES, dans sa diversité, entend répondre aux urgences sociales et climatiques tout en visant un véritable changement de société à terme. Elle ne s’en cache pas, elle le fait savoir. Elle veut une gestion publique des biens communs (eau, énergies, transports…) plus étendue, des services publics rénovés et développés, une économie sociale et solidaire soutenue…Elle veut réduire les inégalités, la pauvreté, la misère et pour cela prendre le pas sur la finance et à bras-le-corps l’urgence climatique sans céder aux lobbys qui freinent la transition…: serait-ce incongru ?
Normal que Macron s’en inquiète, d’autant que la NUPES ne cache pas que de nouvelles conquêtes supposent la mobilisation populaire face au “grand”patronat et aux institutions financières privées, très en phase. Oui, des luttes seront nécessaires, syndicales mais aussi politiques, démocratiques, sociales, écologiques, sociétales…
Le vote aux législatives est l’occasion de pouvoir exprimer nos attentes sociales à commencer par celles et ceux qui sont les plus concernés et qui ont dimanche un moyen d’agir dans le sens de leurs intérêts. Une nouvelle majorité de gauche et de l’écologie sera un point d’appui précieux des luttes populaires incontournables. Dans la légalité d’une démocratie soucieuse de la consultation et de la participation régulière des citoyens pour tout ce qui les concernent.
Macron, lui, veut veut en finir avec les conquêtes sociales et la mise en valeur de nos savoir-faire, hypnotisé par la course à la compétitivité qui nous vaut les délocalisations. Longtemps notre Nation fût un modèle à imiter. Pas à détruire. Le retour de la droite au pouvoir, dès 1958, a commencé à jeter les bases d’un capitalisme monopoliste d’Etat qui a ouvert la voie à une reprivatisation qui n’a cessé de nous faire régresser, d’étendre la précarité et l’insécurité sociale à des millions de familles.
Que vont faire les électeurs de la NUPES dans le Var ou ailleurs, privés de candidats au second tour ? Regarder passer les trains ou soutenir le moins pire des deux ? Je penche pour une autre approche.
Cette élection est inédite, elle va décider de la majorité parlementaire appelée à former le gouvernement. Difficile d’anticiper mais la messe est loin d’être dite. S’il me semble exclu que des progressistes apportent leur voix à l’extrême-droite, en toutes circonstances, il me paraît difficile d’aider le candidat de Macron à se faire élire député, puisque l’avenir du pays est en jeu. Ce n’est pas mettre un signe d’égalité absolue entre le RN et le parti au pouvoir. Encore qu’il y a des influences et des actes qui les rapprochent.
Mais là, aller voter pour le candidat de Macron reviendrait à apporter des voix au pouvoir en place que l’on a l’objectif de dépasser ! Ce n’est guère compatible. Le RN n’est pas le danger imminent de ce scrutin, en raison du système électoral. La majorité parlementaire se joue entre la NUPES et la macronie qui n’est pas, par ailleurs un rempart de l’extrême-droite mais un marche-pied pour sa démagogie nationaliste anti-républicaine.
C’est le sens de la déclaration de la fédération varoise du PCF (1) qui n’est pas une consigne de vote mais une analyse après le 1er tour de nature à amplifier la poussée ce dimanche de tous les candidats de la NUPES au 1er tour.
René Fredon
(1)https://mail01.orange.fr/appsuite/#!&app=io.ox/mail&folder=default0/INBOX
René Fredon nous présente ici son analyse, que je trouve pertinente, concernant ce deuxième tour des législatives. Cependant en tant qu’écologiste EELV et faisant partie de la NUPES, je tenais à noter ici quelques précisions :
La Nupes c’est 380 candidats encore présents pour ce second tour dont 216 encore en lice pour LFI, 76 pour EELV et les autres écologistes du pôle (Génération.s, Génération Ecologie et Les Nouveaux Démocrates), 52 pour le PS et comme nous l’a écrit René 32 pour le PCF.
La consigne de la NUPES au niveau national est “Pas une voix pour le RN”. Dans nos circonscriptions du Var notre choix sera déterminant pour notre département. Si on se projette au niveau national, notre choix sera aussi déterminant pour un projet de société.
Si l’on veut se mobiliser pour un retour de la démocratie et un vrai débat républicain à l’Assemblée Nationale il faut aussi qu’Ensemble ne dispose plus de l’hégémonie totale et soit tenu de légiférer en tenant compte des autres composantes.
Chaque électeur est libre de son choix qu’il décide de voter pour l’un ou l’autre ou de voter blanc ou de ne pas voter du tout, mais sa responsabilité est immense car notre quotidien, notre futur, nos perspectives dépendent des résultats de ces votes ou de ces abstentions. Certains n’attendent plus rien mais c’est bien dommage car la politique, elle, s’occupe de chacun de nous.
Claudie Zunino Cartereau