Et si on pratiquait, enfin, une alimentation saine, durable et sans surcoût ?

Introduction : Christian Bercovici, conseiller municipal

Belle soirée que ce samedi 20 janvier, à la salle J. Moulin où le public est venu nombreux , pour réfléchir, avec nous, à la question suivante :

“Est-ce que manger bien et pas cher relève d’une mission impossible” ou, formulé autrement, 

” Et si on pratiquait, enfin, une alimentation saine, durable et sans surcoût ?”

En effet, au sortir de la “crise sanitaire”, 29 % des Français déclarent vouloir manger plus sain même s’ils estiment pour 55 % (selon IPSOS) que manger équilibré est trop cher.

La hausse des prix de l’alimentation de 12,6 % sur un an (selon l’Insee), voire de 16 % sur les fruits et légumes, incite, surtout les plus précaires, à se tourner vers les “produits dits transformés” dont on connaît désormais l’impact sur la santé, avec notamment l’accroissement des taux d’obésité…

Alors, manger bon, bio et sans surcoût serait-il impossible ? Dans les cantines et restaurants scolaires nos enfants et petits-enfants seraient-ils condamnés à la mal-bouffe ?

Nous ne le pensons pas, et les intervenants de ce soir nous ont montré comment cela est réalisable… La prise de conscience collective est là, 

Il ne reste plus aux décideurs publics que de faire appliquer sans réserve et dans nos quotidiens, la loi dite Egalim dont les 3 objectifs sont pourtant clairs :

*payer le juste prix aux producteurs, pour leur permettre de vivre dignement de leur travail ;

*renforcer la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits ;

*favoriser une alimentation saine, sûre et durable pour tous.”

Caroline Roose et le bien-être animal

Caroline est une eurodéputée écologiste azuréenne. Ses combats principaux elle les mène à la commission de la pêche pour la préservation des mers, des océans, la biodiversité marine. Elle défend la pêche artisanale.

La commission européenne a compris grâce à la pression qu’il fallait interdire le chalutage de fond, que dans les aires marines protégées il fallait restaurer les écosystèmes marins et pour que les animaux aquatiques, poissons, cétacés ou encore les poulpes ne soient pas les grands oubliés des politiques de protection animale. C’est une militante de terrain. Elle aime défendre les pêcheurs, sortir en mer avec les ONG (L214, Sea Sheperd, Wellfarm…) , avec lesquelles elle fait un travail important. Et c’est ainsi qu’elle avance sur les textes législatifs. L’autorisation pour dix ans du glyphosate est horrible pour elle car elle fait le lien terre-mer. Autre problème qui touche la problématique de l’immigration : en Europe on veut développer l’aquaculture qui concerne des poissons carnivores nourris par d’autres poissons pêchés en Afrique de l’ouest au détriments de la sécurité alimentaire des pays en développement. Caroline s’est rendue au Sénégal pour voir les pêcheurs qui lui ont dit qu’ils n’ont plus rien et que l’Europe leur pille les ressources. Ce lien elle le fait avec les problèmes migratoires.

Son autre combat est le bien être animal. Ainsi elle a pu dénoncer en allant sur place, le transport de veaux en provenance d’Irlande qui sont restés 27 heures sans boire ni manger dans des bétaillères en mars 2023.

On l’aura compris, caroline est une ardente défenseure de la cause animale et elle lutte pour eux chaque jour au parlement européen.

Daniel Vuillon, AMAP les Olivades et l’agriculture locale :

Daniel Vuillon, fondateur avec son épouse Denise de la première AMAP en France et plus précisément à Ollioules en 2001 (L’histoire de la première AMAP), a présenté le système des AMAP (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) comme une solution à l’heure de la crise agricole et de la disparition dramatique des paysans.

Avec le système de panier solidaire, les paysans peuvent redonner sa place à l’agriculture nourricière locale. Il s’agit d’un contrat entre l’agriculteur et les consommateurs amapiens. “En s’orientant vers l’AMAP, le consommateur fait le choix de la qualité de sa nourriture, de la proximité pour la fraîcheur, l’apport en vitamine C et la qualité gustative des produits de la ferme.”

Dans le même temps le travail du paysan est valorisé car ce système apporte une solution économique et permet à l’agriculteur de récolter une juste rémunération.

Daniel nous a informé des difficultés rencontrées face au changement climatique. Ainsi, les fortes chaleurs de l’été dernier ont contrarié la production des tomates rouges. Les tomates jaunes et vertes ont été plus résistantes.

Il faut donc faire preuve de résilience et modifier les habitudes en matière de maraîchage.

L’Amapien doit lui aussi s’adapter. Il change ses habitudes alimentaires. Son alimentation évolue en fonction des récoltes saisonnières. Il consomme plus de légumes, plus de céréales et de légumineuses, moins de viande et consacre plus de temps à la cuisine.

Isabelle Pertois, domaine l’ENREGADO

Isabelle, qui était professeure d’histoire-géographie a effectué un virage à 180 degrés. Elle a décidé de devenir agricultrice. Elle vend, deux fois par semaine ses paniers de légumes biologiques à un prix abordable. Son exploitation est certifiée Ecocert, et donc cela signifie l’ interdiction totale des pesticides chimiques de synthèse et des OGM, le respect des écosystèmes vivants, le maintient d’un haut niveau de biodiversité et de fertilité du sol, la gestion responsable des ressources du sol.

L’agricultrice nous a expliqué comment les pesticides pouvaient provoquer des maladies en s’attaquant à nos cellules et les bienfaits d’une alimentation bio sur notre santé.

Elle aussi doit faire preuve de résilience et s’adapter au changement climatique. Comme Daniel, elle va préférer dorénavant planter des tomates jaunes et vertes plutôt que des rouges qui n’ont pas supportées les fortes températures de l’été dernier.

Elle envisage de produire des fruits exotiques (avocats, mangues, papayes…) sur le domaine de l’Enregado.

Lydie Massard, régionaliste, est arrivée au parlement européen en septembre 2023 . Cuisinière dans un lycée, en Centre Bretagne, une grande région agricole, elle a choisi le domaine de l’alimentation et elle fait partie de la commission environnement et sécurité alimentaire. La députée nous a exposé les problématiques rencontrées dans la restauration scolaire qui sont un frein à l’approvisionnement en denrées bio et locales comme le prescrit la loi EGalim (20 % de bio et 50 % de durable dans les assiettes). Les marchés publics, les appels d’offres, les normes en matière d’hygiène, le manque de personnel par rapport au nombre de bouches à nourrir, autant d’obstacles qui nuisent à la liberté de se fournir chez les producteurs locaux.

Lydie revendique une alimentation plus locale et plus qualitative.

Elle regrette que la PAC profite plutôt aux grandes exploitations, très peu pourvoyeuses d’emplois. Il faudrait plutôt que cet argent aille aux petites fermes créatrices d’emplois, pratiquant la polyculture et une alimentation saine, locale et durable.

Elle souhaite aussi plus d’autonomie des territoires concernant la gestion des financements européens afin d’appliquer des politiques cohérentes en accord avec ce que vivent les agriculteurs et les agricultrices.

Les cantines bio, au cœur de la transformation de notre territoire, Claudie Cartereau, conseillère municipale

Vidéo sur les cantines de Mouans-Sartoux : Ces cantines scolaires proposent des repas 100 % bio

Manger bio ce n’est pas plus cher si on respecte certaines règles :

  • Éviter au maximum le gaspillage (petite part pour petite faim et grosse part pour grosse faim), pratiquer le tri sélectif, peser les restes.
  • 50% de repas végétariens (moins de viande mais de meilleure qualité).
  • Cuisiner des aliments locaux et de saison.
  • Cuisiner comme à la maison des aliments frais et naturels (pas d’aliments reconstitués ou ultra-transformés).

Diapositives :

Nous avons eu plaisir à préparer cette réunion publique dédiée à toutes celles et ceux qui pensent que l’ALIMENTATION peut créer un nouveau contrat social, réveiller les consciences, fédérer les citoyens et redorer l’action politique.

Un grand merci aux intervenants, Caroline Roose, députée européenne, Lydie Massard, députée européenne, Isabelle Pertois et Daniel Vuillon, agricultrice.teur ainsi qu’aux nombreuses personnes qui se sont déplacées ce jour-là pour venir passer un moment de réflexion avec nous.

Merci à la mairie d’Ollioules pour la mise à disposition de la salle Jean Moulin.

Merci au Martin’s Concept Store pour le délicieux apéritif préparé avec les fruits et les légumes des Olivades et de l’Enregado !

Le Débatteur

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