QUATRE VINGT ANS DÉJÀ.

Il y a quatre vingt ans, sous l’occupation nazie, huit mouvements de résistance, deux syndicats “hors
la loi” et six partis politiques unissent leurs actions en créant le Conseil National de la Résistance
(CNR).
C’est le 27 mai 1943, au 48 rue du Four, à Paris, sous la présidence de l’ancien préfet de l’Aveyron, Jean
Moulin, délégué du général De Gaulle, assisté de Pierre Meunier et Robert Chambeiron, que sont réunis
dans la clandestinité :

  • les représentants des mouvements de Résistance :
  • Pierre Villon (Front National)
  • Roger Coquoin (Ceux de la Libération)
  • Jacques Lecompte-Boinet (Ceux de la Résistance)
  • Charles Laurent (Libération-Nord)
  • Jacques-Henri Simon (Organisation Civile et Militaire)
  • Claude Bourdet (Combat)
  • Eugène Claudius-Petit (Franc-Tireur)
  • Pascal Copeau (Libération-Sud)
    ces trois derniers mouvements regroupés dans l’AS (Armée Secrète) ;
  • les représentants de deux syndicats “hors la loi” :
  • Louis Saillant (Confédération Générale du Travail), syndicat dissout par décret de Vichy le 26 septembre
    1939
  • Gaston Tessier (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) syndicat dissout par la loi du 4 octobre
    1941 dite Charte du Travail.
  • les représentants de six partis politiques :
  • André Mercier (PCF)
  • André Le Troquer (SFIO)
  • Marc Rucart (Radical-Socialiste)
  • Georges Bidault (Parti démocrate populaire)
  • Joseph Laniel (Alliance Démocratique)
  • Jacques Debu-Bridel (Fédération républicaine)
    Lors de cette première réunion à Paris ils adoptent à l’unanimité la motion suivante :
    “Le Conseil de la Résistance, réuni quelque part en France occupée le 25 mai 1943, constate avec une joie
    immense la libération totale de l’Afrique du Nord, par la victoire des armées Alliées, Anglaises, Américaines
    et Françaises.
    Cette victoire, venant après les magnifiques succès remportés par l’armée de l’Union Soviétique, apporte
    aux Français qui luttent sur le sol national une grande espérance.
    …. En cette heure solennelle de l’histoire de notre pays et au moment où va se fixer son destin, le Conseil
    doit exprimer l’opinion du peuple, qui lutte sur le sol de la métropole encore occupée, sur les conditions
    dans lesquelles il convient de consacrer cette unité.
    La France, déjà présente sur tous les fronts, aspire à rentrer plus intensément encore dans la guerre libératrice
    et à y jeter toutes les ressources de son Empire libéré.
    Pour atteindre pleinement son but, il faut qu’elle ait, au plus tôt, un gouvernement unique et fort qui coordonne
    et qui ordonne, affirmant aux yeux du monde son prestige retrouvé de grande nation.
    …La France ne peut concevoir que la création d’un véritable gouvernement provisoire, certes, mais ayant
    toutes les formes et toute l’autorité, répudiant une fois pour toutes, officiellement et dans les faits, la dictature
    de Vichy, ses hommes, ses symboles, ses prolongements.
    Elle entend que ce gouvernement – c’est le devoir du Conseil de l’affirmer avec netteté – soit confié au général
    de Gaulle qui fut l’âme de la Résistance aux jours les plus sombres et qui n’a cessé depuis le 18 juin
    1940 de préparer en pleine lucidité et en pleine indépendance la renaissance de la Patrie détruite comme
    des libertés républicaines déchirées….
    Refusant la dictature de Vichy, la motion affirme la nécessité de créer un « gouvernement provisoire »
    confié au général de Gaulle, afin que, la libération venue, la France redevienne une nation souveraine et indépendante
    .
    Une fois le CNR créé, c’est après des mois de négociations que ses membres signent, le 15 mars 1944 à
    l’unanimité, le Programme d’action de la Résistance, dit “programme du CNR”, plus connu sous le
    nom “Les jours heureux”.
    Dans son préambule le programme énonce :
    “Né de la volonté ardente des Français de refuser la défaite, la Résistance n’a pas d’autre raison
    d’être que la lutte quotidienne sans cesse intensifiée.
    Cette mission de combat ne doit pas prendre fin à la Libération. Ce n’est, en effet, qu’en
    regroupant toutes ses forces autour des aspirations quasi unanimes de la nation, que la France
    retrouvera son équilibre normal et social et redonnera au monde l’image de sa grandeur et la
    preuve de son unité.
    Aussi les représentants des organisations de Résistance, des centrales syndicales et des partis
    ou tendances politiques groupés au sein du CNR délibérant en assemblée plénière le 15 mars
    1944, ont-ils décidé de s’unir sur le programme suivant, qui comporte à la fois un plan d’action
    immédiate contre l’oppresseur et les mesures destinées à instaurer, dès la libération du
    territoire, un ordre social plus juste.”
    Le programme, mis en forme par Pierre Villon, cadre du PCF, définit les actions à mener en vue de la Libération
    (“plan d’action immédiate”), mais aussi les réformes à mettre en place après-guerre pour reconstruire
    le pays (“mesures à appliquer dès la libération du territoire”).
    Parmi ces mesures (cf. document annexé) on note, dans la liste suivante, non exhaustive :
  • la nationalisation de l’énergie
  • la nationalisation des compagnies d’assurance et des banques
  • l’indépendance des syndicats, muselés par le gouvernement de Vichy depuis la “Charte du Travail”
  • le rétablissement du suffrage universel
  • le liberté de pensée, de conscience et d’expression
  • la liberté de la presse
  • la liberté d’association, de réunion et de manifestation
  • l’égalité absolue de tous les citoyens devant la loi
  • le rétablissement du droit au travail et du droit au repos,
  • le réajustement des salaires
  • l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs
  • la sécurité de l’emploi
  • la création d’ un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence,
    dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail
  • la création d’une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours

    Jean Moulin est arrêté à Caluire le 21 juin 1943.
    Il meurt le 8 juillet 1943, torturé par la Gestapo, dans le train qui le conduit en Allemagne.
    Il ne connaîtra pas “Les jours heureux”.

Le Débatteur

Christian Bercovici, conseiller municipal à Ollioules

Annexes : réf. Les outils Valeurs Républicaines

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