La vallée du Gapeau en transition et l’énergie citoyenne

Jean-pierre LUQUAND est gérant de l’entreprise Gapeau Energie Citoyenne qui a été créée en 2019. Il a eu la gentillesse de développer pour le Débatteur l’action de La vallée du Gapeau en Transition en matière d’énergie citoyenne sachant que nous aimerions voir se développer un projet de panneaux photovoltaïques sur notre commune, Ollioules.

L’association La Vallée du Gapeau en Transition a démarré au mois de février 2016 dans la foulée du film « Demain » de Cyril Dion et Mélanie Laurent. Une réunion avait été lancée avec Julien Guimard. On avait été surpris d’accueillir 200 à 250 personnes dans une salle à Sollies-Pont. A partir de là, on a regardé ce qu’on pouvait faire collectivement sur le territoire. Chacun s’est inscrit dans une démarche. La fève, monnaie locale, a pris son essor à partir de la Vallée en Transition, mais aussi La Cerise sur le Gapeau, un magasin coopératif créé en 2017, à Pierrefeu, Terre de partage avec des jardins partagés, Kanopée, un tiers lieu. La vallée du Gapeau en transition est reconnue depuis 2020 en tant que Fabrique de territoire(1).

Pourquoi avoir créé cette coopérative Gapeau Energie citoyenne?

Tout d’abord à cause du rapport du GIEC. Depuis le XIX e siècle, on assiste à une montée en flèche des températures, 1,5° et les impacts sont importants. Si on fait un petit focus sur la dernière période, on s’aperçoit que c’est à partir de 1950 que l’on observe cette augmentation très nette. La conclusion des travaux du GIEC est que c’est l’influence de l’activité humaine qui crée ce réchauffement. L’ampleur de ce phénomène dans son ensemble est sans précédent. On peut constater tous les jours l’impact de ce changement climatique : les tornades dans le Kentucky, 38 ° en Antarctique à un moment de l’année… quant à la COP 26, il y a un décalage énorme entre la vitesse à laquelle il faudrait réagir et la capacité des gouvernants du monde entier à le faire.

En France, on a eu différents scénarios :

Le scénario RTE (2) (gestionnaire du Réseau Électrique Français, prolongement d’EDF), le scénario négaWatt (3), (l’association réunit des scientifiques, des chercheurs, des associatifs) et enfin l’AME, L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie qui a publié quatre scénarios pour atteindre la neutralité carbone en 2050.

Dans tous les dossiers qui nous ont été présentés le scénario des énergies renouvelables est possible. Le scénario négaWatt est toujours fondé sur l’efficacité et la sobriété. Il n’y aura pas de transition énergétique aboutie s’il n’y a pas la sobriété : supprimer les gaspillages, contenir l’étalement urbain, opter pour des alternatives à la voiture, réduire les emballages. C’est dire l’étendue des mesures à mettre en place pour la sobriété. L’efficacité c’est l’évolution de la technologie mais surtout, isoler les bâtiments, améliorer le rendement des appareils électriques.

C’est ce que nous essayons de développer au niveau de Gapeau Energie citoyenne. Pourquoi citoyenne ? Nous pensons que la transition écologique ne pourra se réaliser que si les citoyens et les collectivités y sont étroitement associés. Dans certaines régions, les industriels arrivent et installent des éoliennes, sans concertation. L’objectif est de développer les énergies renouvelables en lien étroit avec les citoyens et si possible les collectivités. Tout cela pour créer une boucle économique vertueuse sur le territoire. Ce sont les collectivités ou associations ou citoyens qui financent le projet, participent à la gouvernance. L’électricité engendre des bénéfices. Là, on a la garantie d’avoir un encrage local des projets. L’objectif c’est que les bénéfices récupérés soient réinvestis sur des projets qui fassent sens au niveau local. Voilà un cercle vertueux des énergies renouvelables citoyennes. C’est une porte d’entrée concrète pour que les gens soient sensibilisés aux questions énergétiques.

Il y a deux ans il y avait 300 projets citoyens en France et il y en a beaucoup plus à présent. C’est quelque chose de courant en Allemagne.

Pourquoi avoir choisi la SCIC, société coopérative d’intérêt collectif ?

L’objectif c’est de regrouper différents organismes, associations, différentes personnes, autour d’un même projet économique. Tout le monde se retrouve coopérateur. C’est un projet collectif et une personne dans une assemblée représente une voix. Une personne peut avoir 30 parts et l’autre une part, au moment de l’AG chacun dispose d’une voix. Autre particularité, les rémunérations des parts sociales ne peuvent dépasser 45,5 % des bénéfices.

Dans notre projet nous sommes actuellement sur 49 coopérateurs. On a un capital de 11 000 euros, en fond propre. On a des partenaires, Energie Partagée, l’association nationale référente autour des énergies renouvelables citoyennes. Elle dispose d’un réseau important qui amène de l’information et de l’investissement, qui aide au niveau du financement. Le fond Valorem installé sur le sud ouest mais il y a une succursale sur Aix propose un portail dédié à des levées de fonds pour inciter le grand public à investir dans les énergies renouvelables. On avait remporté le fond Valorem, que l’on a utilisé pour l’accompagnement social des écoles du Val des Rougières à Hyères pour sensibiliser les élèves aux énergies renouvelables.

Au départ nous avions un projet de parc éolien sur Sollies Toucas avec Engie de 24 MW pour une production domestique de 22 000 habitants. Mais le parc naturel régional de la Sainte Baume disposait dans son règlement d’ une interdiction du Grand Eolien. On a essayé de rassembler des acteurs pour ou contre. On a comparé. C’est un projet qui avec le règlement du parc et du schéma de cohérence Territorial (SCoT) ne peut aboutir dans l’immédiat.

Nous avions un projet hydraulique sur Belgentiers. Un dossier de financement d’étude avec l’ADEME avait été accepté mais devant le recul de la commune les 17 000 euros ont été perdus.

La ville d’ Hyères, intéressée par les 10 000 euros de Valorem, nous a proposé des parvis de la piscine municipale mais entre temps il y a eu le problème de la crise sanitaire. Tout a été arrêté. On espère que cela va aboutir. La mairie nous propose actuellement le parking du stade André Véran pour déposer des ombrières. Le seul problème est que pour démarrer avec les ombrières c’est plus onéreux à cause de l’armature. En principe ça devrait aboutir !

Et bien nous espérons que ce projet entre la ville d’Hyères et la Société Gapeau Energie Citoyenne se concrétise et que notre municipalité, Ollioules, encourage les projets citoyens afin de participer à ce grand élan national en faveur du mix énergétique puisque pour l’avenir de nos enfants il est impératif de parvenir à la neutralité carbone en 2050 !

Le Débatteur

(1) En 2019 l’État a voulu accompagner et accélérer la dynamique en cours de création en garantissant la diversité et en consolidant les projets existants par l’identification et le soutien de 300 projets structurants pour le rayonnement des tiers-lieux dans les territoires : les fabriques de territoire.

(2) RTE (Réseau de transport d’électricité) est le gestionnaire de réseau de transport français responsable du réseau public de transport d’électricité haute tension en France métropolitaine. Sa mission fondamentale est d’assurer à tous ses clients l’accès à une alimentation électrique économique, sûre et propre.

(3) négaWatt : “Depuis les années 2000, négaWatt travaille en faveur d’une transition énergétique réaliste et soutenable pour la France.”

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